(di Haydée Saberan. Fonte : Liberation)
L’image est insolente. Elle orne tous les flancs de bus, à Lille. Un homme qui tire avec un revolver énorme. Une dame en jupe panthère et bas résille qui retient le coup. Une grosse tache rouge, dans un préservatif géant. «Clients, vous jouez à la roulette russe ?» interroge l’affiche. L’un des slogans pour mettre en garde les clients de la prostitution contre les rapports sexuels sans préservatif et participer à la lutte contre le sida. A Lille, avec Entr’Actes, un discret lieu d’écoute et d’aide, les prostituées parlent aux clients. Par voie d’affiches, le jour, sur le flanc droit des bus, «côté trottoir». Et en vrai la nuit, pour celles qui ont le cran. Elles partent avec des préservatifs et des petits prospectus, disant : «Je suis un travailleur sexuel sans risques. Je fais usage de préservatifs sans exception, y compris pour la fellation.» Un client sur trois demanderait un rapport sans préservatif. Selon certaines prostituées, beaucoup plus. «Avec elles, explique Nathalie Masurel, éducatrice à Entr’Actes, nous avons réfléchi, à la manière dont on pouvait agir. On a choisi la visibilité.» Visible, c’est le moins que l’on puisse dire. Comme un pied de nez à la loi de sécurité intérieure. […] Coût de l’opération publicitaire : 5 000 euros, payés par une subvention de la Ddass (Direction départementales des affaires sanitaires et sociales). Pas d’agence, mais un plasticien, Guillaume Caron, et un dessinateur, Babouse, tous deux bénévoles. Une première en France, dit le Groupement de prévention et d’accueil lillois, qui pilote Entr’Actes.